Après l’automobile, le secteur de la rénovation énergétique découvre les vertus de l’hybridation ! La pompe à chaleur hybride connaît un succès grandissant - et mérité – en France, le point avec Benoît Chaintreuil, responsable Réglementation bâtiments existants chez GRDF.
Par Laurent Caillaud
GRDF soutient l’installation de pompes à chaleur hybrides dans les logements, quel en est le principe ? Quelles en sont les vertus ?
Benoît Chaintreuil : Son fonctionnement est assez simple. L’air extérieur, le sol ou l’eau souterraine contiennent naturellement des calories, qu’une pompe à chaleur électrique, ou PAC, capte via une unité extérieure et restitue dans le logement, soit par un système de diffusion d’air soit via des radiateurs. Cette solution offre des performances tout à fait satisfaisantes sur le plan environnemental, mais elle atteint ses limites lors des épisodes de grand froid et voit alors sa consommation d’électricité augmenter, précisément aux moments où le système électrique est le plus en tension, ce qui n’est pas optimal. C’est là l’intérêt de la pompe à chaleur hybride, qui résulte du couplage d’une PAC électrique air/eau et d’une chaudière au gaz à très haute performance. Ce système apparaît comme l’une des meilleures solutions du marché sur le plan énergétique, environnemental et économique pour le chauffage des maisons individuelles.
Quel est le coût d’une pompe à chaleur hybride à l’installation ?
L’installation d’une PAC électrique standard dépend directement du volume à chauffer, donc de la taille du logement et de la qualité de son isolation. Son prix s’établira autour de 12 000 à 13 000 € pose comprise pour une maison moyenne. Alors que le module pompe à chaleur d’une PAC hybride n’a pas besoin d’être aussi puissant, étant donné que la chaudière au gaz prendra le relais en cas de grand froid. Résultat, elle ne coûtera que 10 000 € environ pour une maison de la même taille. En termes de factures énergétiques, la PAC hybride est également compétitive par rapport à la PAC électrique, a fortiori si le ménage souscrit à une offre tarifaire adaptée.
Qu’en est-il dans les logements collectifs ?
L’objectif, ambitieux mais indispensable, fixé par l’Accord de Paris, est que nous atteignions la neutralité carbone d’ici 2050. Ce qui impose que nous réduisions de manière drastique nos émissions de CO2, partout où cela est possible. En clair, nous devons économiser l’énergie et décarboner les vecteurs énergétiques. Pour les logements, comme pour tous les bâtiments en général, cela passe autant par des travaux d’isolation de haut niveau que par l’utilisation d’énergies renouvelables, ou hybrides. Dans les logements collectifs, tout dépend du mode de chauffage en place. S’il s’agit d’une chaudière individuelle, les solutions de rénovation sont aujourd’hui limitées. L’installation d’une chaudière THPE, c’est-à-dire à très haute performance énergétique, reste la meilleure option. Grâce à son haut rendement, elle permet en effet de réduire immédiatement de près de 30 % les consommations, les émissions de gaz à effet de serre et les factures des particuliers par rapport à une chaudière d’ancienne génération. Elle fera généralement gagner une classe de DPE, ce qui peut faire la différence dans l’optique d’une mise en location. Il est à noter que si la chaudière est raccordée à un conduit de fumée collectif et non individuel, une telle rénovation est techniquement plus délicate, et requiert une décision à l’échelle de la copropriété. En cas de chauffage collectif, le panel de solutions performantes accessibles est plus étendu. La pompe à chaleur hybride en fait partie, de même que la chaudière THPE.
Comment atteindre le graal d’un A ou B au diagnostic de performance énergétique sur un logement ancien ?
Cela repose sur des travaux englobant le chauffage, la production d’eau chaude, la consommation d’électricité et l’isolation. Si l’on s’en tient au chauffage, l’atteinte des classes énergétiques A et B suppose de mettre en œuvre des travaux de rénovation ambitieux, intégrant par exemple une solution gaz associée à une énergie renouvelable. La PAC hybride en est un exemple, de même que le couplage d’une chaudière THPE au gaz avec l’énergie solaire, qui est encore sous-utilisé en France alors que c’est une technologie parfaitement maîtrisée et qui n’a pas besoin de matériaux rares.
À l’horizon 2050, est-il envisageable de se passer du gaz pour se chauffer ?
La question ne se pose pas ainsi. L’objectif est de réduire notre consommation globale d’énergies fossiles, tout en nous tournant de plus en plus vers des sources d’énergie renouvelables et plus respectueuses de l’environnement. Parmi celles-ci, l’une des plus prometteuses est le biométhane, un gaz renouvelable issu de la dégradation de matières organiques comme des déchets d’origine agricole. Une filière qui représente à ce jour près de 2 % du gaz de réseau en France. Cela peut sembler faible, mais c’est déjà un immense pas en avant, et le développement de ce gaz vert est exponentiel. Et la filière travaille sur de nombreuses autres pistes comme la pyrogazéification ou le méthane de synthèse, dont les potentiels de production à long terme sont également très importants. L’objectif d’un verdissement total du gaz de réseau à l’horizon 2050 paraît donc atteignable !